En visite dans plusieurs écoles publiques de la ville de New York, les enseignants-stagiaires de l’Académie de Montpellier ont pu rencontrer leurs homologues des classes de français. Ces rencontres leur ont permis de comparer leurs méthodes ainsi que leurs modes de fonctionnement.
Ce stage de trois semaines organisé par le service culturel de l’Ambassade de France fait écho à une visite d’une délégation New-Yorkaise de chefs d'établissement à Montpellier en février dernier. Lors de ce déplacement, ces directeurs d'écoles publiques ont rencontré leurs homologues français, ainsi que le recteur de l’Académie de Montpellier, Christian Philip, le Sénateur Louis Duvernois et le vice président de la région Languedoc-Roussillon, Max Lévita. En point de mire se trouve la possible signature d’un MOU (Memorendum Of Understanding) qui permettrait de mettre en place une véritable coopération éducative entre les deux parties.
Durant ce séjour, les stagiaires de l’IUFM de Montpellier se sont immergés dans les classes bilingues français/anglais et ont découvert le fonctionnement du système éducatif américain. Les différences sont nombreuses, aussi bien sur l’organisation de la classe que sur les méthodes d’enseignement. Parmi elles, l’âge auquel les enfants apprennent à lire et écrire. Aux Etats-Unis, il est très important que les élèves sachent lire et écrire dès leur plus jeune age. Dès la maternelle, la lecture et l’écriture leur sont donc inculquées, chaque élève apprenant à son rythme. Au lieu de lire le même livre, les élèves en choisissent chacun un dans la bibliothèque de la classe et le lise indépendamment, le professeur devant veiller à ce que le livre soit au niveau de l’élève. Ensuite les enfants partagent ce qu’ils ont appris en groupes de travail composés généralement de cinq enfants. (Ils développent ainsi la parole et sont fortement incités à communiquer avec les autres enfants). Cette méthode a retenu l’attention des enseignants-stagiaires puisqu’elle est répétée jusqu’à la fin de l’école primaire (équivalent CM2) tandis qu’en France les élèves sont assis en ligne en face du professeur dès le CP. De plus, les classes américaines possèdent jusqu’à la fin du CM2 (5ème grade) un coin tapis avec une bibliothèque qui a beaucoup séduit les enseignants-stagiaires puisqu’il permet aux élèves de circuler dans la classe, de s’attribuer un temps de pause dans un emploi du temps très chargé. En effet, l’organisation du temps de travail est une différence régulièrement soulevée par les enseignants-stagiaires et les directeurs d’écoles. Alors que dans les écoles primaires françaises, la journée est rythmée par une pause midi de deux
heures et de deux récréations dans la journée, les élèves américains enchaînent quant à eux leurs journées sans pauses à l’exception d’une période de 50 minutes le midi afin de déjeuner.
Immergé dans cette organisation, les futurs enseignants français ont pu remarquer que le rôle du professeur aux Etats-Unis est radicalement différent du rôle de l’enseignant français. Ce dernier se doit d’être polyvalent, il enseigne toutes les matières à ses élèves, des mathématiques jusqu’au sport, et ne délègue que l’une d’elle à un intervenant qui agit tout le temps sous sa supervision. Aux Etats-Unis, l’organisation des cours diverge en fonction des écoles, mais en général, les enfants suivent une grande partie de leurs cours avec leur « professeur principal » puis assistent à d’autres enseignements (comme les mathématiques, l’art, la musique, l’informatique) sous la direction d’un autre professeur spécialiste de sa matière qu’il enseigne à toutes les classes de l’école. La pédagogie n’est également pas la même. Comme le disent eux-mêmes les professeurs, les principaux et les enseignants-stagiaires : « le professeur est un guide qui accompagne les enfants vers la bonne décision ». Le professeur américain ne donne pas la leçon comme le ferait un professeur français, il donne les instructions puis il laisse les enfants apprendre seuls. Et lorsqu’ils se trompent, il ne les corrige pas mais il les aide à trouver la bonne réponse par eux-mêmes. La philosophie pratiquée ici vise à donner confiance à l’enfant, en motivant ses efforts pour apprendre d’avantage. Dans les classes bilingues, ce raisonnement pousse l’enfant à aller de plus en plus loin dans l’apprentissage d’une langue et de s’ouvrir à d’autres cultures.
Ce stage a également permis aux enseignants-stagiaires de découvrir le fonctionnement des classes bilingues dans la ville de New York. A la rentrée 2009 - 2010, six écoles publiques ont ouverts des classes bilingues (français-anglais) pour un total de 20 classes, servant plus de 500 élèves âgés de 5 à 10 ans. Ces classes d’immersion en français et en anglais s’adressent aux francophones, anglophones et aux francophiles. Elles dispensent un enseignement alterné en anglais et en français à des enfants n’ayant pas encore de langue maternelle leur permettant ainsi de s’ouvrir très tôt à d’autres cultures. Le multilinguisme précoce de ces enfants a beaucoup marqué les étudiants de l’IUFM de Montpellier, pour qui l’apprentissage d’une langue étrangère ne débute qu’à partir du collège.
Tout au long de cette immersion, les futurs enseignants français ont observés les professeurs américains en circulant dans les classes, en assistant aux cours de langues mais également en y participant. Ils ont ainsi pu apprendre en côtoyant leurs homologues mais ils les ont également renseignés sur les méthodes d’enseignement en France. Ce stage aura été l’occasion pour ces professeurs de partager leurs conceptions de la pédagogie et de l’enseignement. Au-delà des différences constatées, ce séjour a permis aux enseignants des deux parties d’échanger leurs visions de leur métier. Les participants se sont réjouis d’une telle expérience et pensent même s’inspirer de ce qu’ils ont vu pour l’appliquer dans leurs classes. Les Principaux américains se disent ravis d’avoir pu accueillir les futurs professeurs français et certains professeurs aux Etats-Unis émettent même l’espoir de se rendre prochainement en France pour observer à leurs tours les classes françaises.
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