Source: Mon Chemin Médical


J’ai eu dû mal à me concentrer sur mes études aujourd’hui car je me trouvais distrait par une pensée à laquelle je n’arrivais pas à échapper. Il fallait alors m’en débarrasser.



Des fois, je me frustre du fait que je ne sois pas professeur de français, car si je l’étais, j’aurais bien aimé créer un cours progressif de langue française s’adressant auxcréolophones, à savoir, ces personnes qui ont appris le créole haïtien chez euxmais qui, pour l’une raison ou l’autre, n’avaient jamais eu l’occasiond’apprendre la langue de Molière, alors que par leurs noms, leurs racines, leurhistoire et leur héritage, ils aient bien droit à partager cette langue avec lereste de la francophonie. Par ailleurs, je demeure étonné par le fait qu’un telcours n’existe pas encore – surtout chez moi, à New York City, où la populationde personnes d’origine haïtienne doit outrepasser 400,000, selon plusieursexperts (immigrants légaux, illégaux, et haïtiens-américains tous y inclus).
Ici à New York, aussi bien qu’en Haïti, c’estvraisemblable que la plupart de ces haïtiens ne parlent pas français – mais laraison pour cela à NYC n’est pas la même que celle opérant dans le pays caraïbe.


Je ne vais pas aborder la question de la politique sociolinguistique d’Haïti – d’autres l’ont bien traitée et je m’attends à ce que plusieurs chercheurs l’examineront encore.Mais quant à ces haïtiens qui grandissent aux USA, la raison pour laquelleplusieurs parmi eux ne parlent pas français, selon moi, est simple: le françaisen Haïti est une langue d’éducation, de commerce, et de gouvernement tandisqu’aux États-Unis, c’est l’anglais qui remplace le français dans ces domaines.Cela étant, grand nombre d’haïtiens-américains, cest-à-dire ceux qui naissentaux parents qui proviennent d’Haïti, apprennent à bien comprendre et souvent àparler le créole haïtien – cette langue qui est la véritable langue maternelleet héritage linguistique distinct de tout haïtien.


En réfléchissant sur les cours d’espagnol que je suivais comme étudiant à l’Université de New York (NYU), je me souviens du fait curieux que le département d’éspagnol offrait un courssupérieur de portuguais pour les hispanophones, dit “Portuguese for SpanishSpeakers”. Je trouvais l’idée innovatrice: ils s’étaient rendu compte que leportuguais et l’espagnol partagent des racineslinguistiques desquelles on pourrait profiter pour faciliter l’apprentissaged’une de ces langues à un locuteur de l’autre. Dès lors, il me semblait evidentqu’on pourrait faire la même chose pour le créole haïtien vers le français, cepremier ayant une racinefrançaise importante et indéniable. D’ailleurs, de tels cours auraient unepléthore de conséquences fructueuses pour plusieurs parties prenantes.


Pour la francophonie, il en résulterait une forte augmentation de personnes ayant le français en partage, ainsi qu’un fort appui de la valorisation de cette langue. Chez les étudiants, ilsfiniraient par apprendre une langue de plus tout en améliorant et fortifiantleur maîtrise du créole, ce qui valoriserait le créole haïtien et l’identitéhaïtienne. Il y aurait une amélioration de compréhension inter-culturelle, etle décor serait planté pour des progrès socio-culturels, voire géo-politiques,inattendus. En plus, il se pourrait qu’on finisse par établir un modèle valabled’éducation qui, modifié de façon appropriée, pourrait être exporté en Haïti entant que programme d’alphabétisation.


Enfin, je ne suis pas professeur de français, ni n’escompte le devenir, mais si une personne qualifiée et compétente pour mettre en oeuvre un tel projet cherchait du soutien moral pourle faire, je lui en donnerais volontiers et de tout mon coeur.




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Comments

  • Bonjour Tata,

    En ce qui concerne l’alphabétisation, sujet que je n’ai touché que de manière tout à fait légère à la fin, c’est justement la raison pour laquelle j’y ai ajouté “modifié de façon appropriée”. C’est-à-dire que je suis d’accord avec vous et je n’ai dit nulle part qu’il faille faire un saut au français au préjudice du créole, ni n'ai-je indiquer une méthode.

    Je pense que ma position sur le dilemme sociolinguistique d’Haïti se dévoile par la nature de ma participation à ce site. Mais pour le dire franchement, je suis pour le bilinguisme – et je pense en plus qu’une personne d’origine haïtienne ayant grandi ailleurs, si elle y réfléchissait de manière rigoureuse et, ose-je le dire, non hypocrite, ne pourrait que partager cet avis. Sans en faire un autre article, je crois tout simplement que les deux langues doivent être valorisées également car, entre autres choses, elles ont toutes les deux des racines qui montent jusqu’à 1804 – et bien avant, évidemment.

    Ironiquement, l’un des aspects qui me dérangent à propos de la discussion linguistique en Haïti est justement ce fait qu’elle détourne le noyau d’attention du problème sous-jacent: Comment faire toucher l’éducation à une majorité qui n’y a pas d’accès?
  • Bonjour,
    Cher monsieur Barthélémy,
    Votre idée fixe n'a pas manqué de me toucher, comme il est usage de dire "ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd", et ici en l'occurrence tombé sous le yeux d'une aveugle :)
    Ce dont vous parlez dans votre publication de 27 novembre, je le réalise modestement dans une église méthodiste haïtienne, ou lors d'un rendez vous du lundi, appelé aussi club de l'amitié.
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