Assely Etienne's Posts (8)

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Les écrivains et les critiques littéraires représentent un type de lecteur particulier par le fait d’avoir un empan d’intérêt beaucoup plus large que celui du lecteur moyen. Dans le champ de la création littéraire, à la jouissance du produit fini ils entendent ajouter la remontée des sentiers de la création. Histoire de pêcher des trucs, des astuces, des pirouettes et des secrets. Cette observation vaut également pour les cinéastes et les réalisateurs. On connait les fameux journaux de tournage ! Bref, dans le domaine de la création littéraire viennent à l’esprit  les carnets d’écrivains tels Flaubert, Albert camus, Marguerite Yourcenar. Les Journaux de Roger Martin du Gard et de Julien Green (l’exemple le plus ample du genre). Les Correspondances d’André Gide et de Chateaubriand. Le fameux bloc-notes de Mauriac. Ce sont des miettes substantielles dans lesquelles on peut picorer à loisir avec une gourmandise à intensité variable. Bernard Pivot ne se prive pas de ce type de nourriture qu’il trouve très succulent, surtout quand c’est servi par de grands chefs de la gastronomie littéraire. Il m’arrive de penser que Ces fameux carnets pourraient constituer un genre à part qui, certainement, comporte un coté redoutable et impudique.

      Redoutable parce que les Carnets ont l’effet d’un miroir brisé ou fragmenté de l’Intelligence de l’écrivain. Flaubert s’y révèle étincelant d’éclair de génie et d’intuition. Et dire que certains trouvent son style très inégal sans pourtant parvenir à le déboulonner de son piédestal de grand écrivain. Impudique ? A dire le mot, on éprouve une sensation de saleté, d’écoulement et de pollution, d’éruption de furoncles. Et un gout certain pour une forme d’exhibitionnisme. Un carnet ou un journal relève forcément de l’atelier avec ses salissures, ses copeaux et ses éclats de marbre. Impudique aussi parce que l’écrivain, qui s’engage dans la voie des Carnets et des Journaux, s’expose avec plus d’acuité aux rayons (dards) tant des professionnels de la psychanalyse littéraire que des dilettantes toqués. On peut à bon droit soupçonner certains écrivains d’avoir fait un lessivage consciencieux  avant de se livrer « sans feuille de vigne » aux lecteurs et critiques. Il est des toilettages qui jettent sur l’objet de leur soin « une obscure clarté » (l’image est d’Hugo). Quand c’est fait au nom de souci esthétique ou par motif de faire de sa vie « une œuvre d’art », il y aurait mauvaise grâce á faire reproche á l’auteur.

       En essayant de se dégager de la fascination des grands auteurs, on peut apprendre quelque chose sur le processus de la création (anecdotes et éclairages psychologiques inclus) chez des auteurs et des critiques moins connus ; certains d’entre eux authentiquement grands, bien que mal connus dans certains milieux : je pense au grand poète Philippe Jaccottet et l’immense  Vassili Rozanov. J’ai, par amour du nombre parfait, retenu 12 titres (deutérocanoniques) hors du Canon hégémonique.

Hôtels Littéraires (Nathalie H. De Saint Phalle) Le titre pointe en direction d’un lieu de création devenu classique depuis qu’on voyage beaucoup, au point d’avoir le statut de lieux fétiches pour écrivains et conférenciers en transit. Ce livre est une mine de renseignements et d’anecdotes en son genre. L’auteure y accorde une mention élogieuse á l’hôtel Oloffson (Port-au-Prince) où Graham Greene avait pris logement pour en faire un élément important du cadre de Les Comédiens  grâce, en partie, aux suggestions d’Aubelin Jolicoeur-, le Petit Pierre du Roman.

Ecrire Jour et Nuit (Bernard Pingaud) J’avoue être venu á ce livre par respect pour le patronyme de l’auteur .Et j’ai découvert un atelier de belles promesses, un champ de thèmes cousus de jeux de reprises et d’ ; abandons. Ce livre qui relève du genre des Carnets, est au fond, un ensemble de tiroirs en enfilade où l’auteur a entassé 20 ans de projets d’écriture à l’état de phrases, de paragraphes et de pages entières. Il faudrait citer tout le livre, et le déflorer sauvagement en pleine lumière crue avec le rictus du moment d’éruption jubilatoire. Ah non !

L’Art du Suspense (Patricia Highsmith) Ce ce n’est pas un compendium de recettes pour mitonner un texte avec un suspense en lame de rasoir. L’auteure met en lumiere quelques règles fondamentales sur la base de ses propres expériences. C’est un livre qui allie candeur et réflexion critique de manière éclairante sur le processus de la création

« Qu’est ce que le germe d’une idée ? Probablement tout et n’importe quoi, pour l’écrivain : un enfant qui tombe sur le trottoir et répand son cornet de glace…certaines idées n’obéissent pas aux règles de la parthénogenèse, mais nécessitent une seconde idée pour se développer »

« En écrivant le premier jet, il faudrait toujours garder à l’esprit le livre comme un tout-que l’on voie ou non chacune de ses parties en détail du début a la fin »

Observations et autres notes anciennes (Philippe Jaccottet) Un très grand poète nous propose en mots une pièce montée á plusieurs étages.  Régal pour les amateurs de réflexions subtiles qui marient sagesse et poésie au long d’un modeste parcours de 130 pages. Le livre confirme, s’il en était besoin, que tout grand auteur est souvent aussi un grand lecteur. La voix personnelle de l’auteur est une polyphonie originale d’autres voix nourricières. Et la littérature est une conversation transgenerationnelle.

La Maison De Mots (Emmanuelle Ertel) Encore un texte (d’universitaire) qui fait le lien entre le lieu, le cadre et l’écriture. Entre topographie et typographie, y a des liens intimes qui prennent la force, presque déterminante, de causalité. L’œuvre du romancier William Gaddis donne á penser « les fantômes » qui hantent l’écriture.

La Mort du Grand écrivain (Henri Raczymow) Au départ le titre embarque dans l’indécidabilité : Mi-roman, mi récit journalistique. A la lecture, C’est un essai très lucide sur la condition de l’écrivain (tout court), et l’état des institutions gardiennes du prestige des lettres.

Feuilles Tombées (Vassili Rozanov) Ce n’est pas tant le nombre de pages (444pp), que la présentation matérielle du livre qui lui donne un aspect de trombe et de vague déferlante. La matière du texte est faite d’une étoffe très  touffue, mais qui n’intimide pas. Mélange d’aphorismes, de maximes, de réflexions saisissantes. Obsédé par les questions relevant de la Méthodologie de la Lecture, le texte m’en donne pour mes prétentions et mes grades ! Pas d’index ! Absence d’ordre alphabétique ! Un véritable saut-d’eau littéraire d’une ville de non-bonheur située sur la carte du réalisme-pessimiste. Le genre de livres qui ne sont pas faits pour les imberbes. Adolescents, s’abstenir ! Un livre de grandes ombres errantes : Socrate, l’Ecclésiaste, Nietzsche, Cioran (par anachronisme) et bien d’autres. C’est le genre de livre séculier qui permettrait de réécrire sur une ile  tous les livres perdus. Emaillé de réflexions qui éclatent avec la verdeur d’une repartie á la Clemenceau.

« Chtchédrine a coté de Gogol me fait l’effet d’un valet d’écurie á coté d’Alexandre de Macédoine. Oui Gogol est l’égal d’Alexandre de Macedoine »

Histoire de L’Homme que sa femme venait de quitter (Jean-Philippe Arrou-Vignod) Est-ce que l’impuissance d’écrire momentanément (que Gide a connu après une période de belle fécondité) peut être un thème de roman ? Lisez ce texte si vous avez des doutes, et si vous êtes entiché de fiction de l’écrivain aux prises avec ses ombres.

Gros Mots (Bejean Ducharme) Rassurez-vous c’est de la bonne littérature dans tous les sens du mot. La langue est savoureuse. L’humour chatouille à chaque coin de paragraphe, et nous arrache un p’tit gloussement de plaisir. L’histoire est farcie de clins d’œil qui visent juste au dessous de la ceinture. Mais ce qui fait le prix de ce texte, c’est la formidable connivence entre un texte trouvé comme par hasard et une vie de lecteur (un mensonge d’une vérité vraisemblable). Une beau sujet de méditation pour  l’auteur qui se demande á quoi sert un roman (ou faut-il qu’il serve a quelque chose ?)

Le Professeur de Symétrie (Andrei Bitov) Ce texte est un bel exemple de littérature qui prend l’écriture pour objet à travers la figure de l’écrivain insaisissable  dans sa face de Janus (sacristain et liftier). Rien n’interdit de penser, par ailleurs, à l’haïtienne, que la double identité ne soit un cas de marronnage symbolique. Assumer crânement (entre farce, mystification et fabulation) son coté marron est, peut être, une bonne préface á une carrière d’artiste ou d’écrivain.

La Férocité Littéraire (Jean-Marie Monod) Ecrivains ou lecteurs, lisez ce livre ! Ce n’est pas trop important pour la création littéraire, mais il envoie un vigoureux avertissement aux écrivains en herbe et un salutaire rappel aux écrivains confirmés quant á l’état de civilité qui prévaut dans la République des Lettres.

L’Illustre écrivain (Roger Peyrefitte).  Ce livre est, á bien des égards, le pendant romancé de La Férocité Littéraire.  Roger Peyrefitte, défenseur des « valeurs »d’Arcadie » est un auteur sulfureux qui exerce sur le lecteur le charme irrésistible d’un péché mignon  auquel succombent même les curés envers lesquels il lui arrivait souvent d’être si féroce. On imagine aisément certains ecclésiastiques allant jusqu’á cacher sous leur soutane une petite bombe Peyrefitte qu’on ne peut désamorcer même avec les plus virulentes dénonciations. Le diable peut loger au presbytère sous la forme de « Propos Secrets » de Peyrefitte. Ah ! Si l’évêque savait ! Des fois, il faut se pincer le nez pour respirer le fumet capiteux d’une  « sauce –Peyrefitte »concoctée dans des  « régions fiévreuses et mal nettoyées ».  Mais tout est à lire de ce digne héritier de Pétrone et de Voltaire qui accable de sarcasmes les puissants et les Tartuffe! En lui l’esprit gaulois règne de manière puissamment souveraine. Son érudition est époustouflante. Son œuvre en elle-même est une grande leçon d’écriture et de style. L’Illustre écrivain est un concentré du grand talent de cet homme de lettres dont l’Académie avait peur comme d’un méchant diable. A  Alain Peyrefitte, qui n’arrivait pas á la cheville de son « pestiféré » de cousin, la vieille dame du quai Conti avait préféré donner son baiser d’adoption. Roger Peyrefitte est de la race des Seigneurs de la Littérature auquel on revient pour leur esprit étourdissant. S’il est difficile de faire le partage entre la vérité et la fiction dans  L’illustre écrivain, c’est simplement parce que Peyrefitte aime s’avancer masqué quand il va raconter les périples et les exploits d’Alexandre  aux dieux de la Grèce. Et qu’il est dangereux de montrer à Priape qu’on l’a deviné. Sacré Coquin !

Assely Etienne, New York

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3438657570?profile=original Dans le cadre de la journée internationale de la francophonie Curriculum Galilée Montaigne et La section des langues et littératures étrangères  (mid-manhattan Library, new York) Organisent le lundi 21 mars 2016  á 5.30 pm  une soirée  de réflexions autour du parcours  et de la contribution á la francophonie de : René Depestre, Dany Laferrière, Yanick Lahens, Michaelle Jean et Rodney SAINT-Eloi.

En sus d’autres axes, les  communications (Français, anglais, créole) peuvent aussi porter sur :

1.- L’impact politique possible de l’œuvre littéraire de Depestre et de Yanick Lahens. 

2.-Possibilité et limites politiques de Michaelle Jean en tant que Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

3.-Le Canada Francophone Comme  rampe de lancement et espace de rayonnement des écrivains haitiano-quebecois.

4.-R. Saint-Eloi sur les traces d’Ollivier à l’Académie des Lettres du Québec: confirmation d’une situation de « conquête haïtienne » ou expression d’une dette culturelle du Québec ?

5.-Dany Laferrière à l’Académie Française : généalogie d’une « reconnaissance littéraire tardive d’Haïti »

 Durée de présentation : 25 minutes.

La date limite de soumission des propositions est fixée au lundi 1er Février.

Les personnes désireuses de présenter une communication sont priées d’accompagner leur intention de participation du thème de leur intervention et d’une notice biographique.

Coordination : Assely Etienne                E-mail asselyetienne@gmail.com

Phone : 516 352-1065

 

 

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                L’Art du débat télévisé: Et Biden a bien joué sa partition !

Suite à la récente déconvenue d’Obama qui a sérieusement remis Mitt Romney en selle, le débat Biden-Ryan a pris une dimension inhabituelle pour le poste de Vice-Président. Biden et Ryan sont deux représentants de cette classe politique fière de son pedigree depuis que, à la faveur de l’ascension des Kennedy, l’Irlande est devenue un symbole mythique en politique américaine. Chaque politicien américain cherche acrobatiquement ses ancêtres irlandais. Mario Cuomo et Rudolph Giuliani n’ont pas osé : l’Italie leur colle trop au patronyme. Ce qui passait pour la roture a accédé au rang de particule nobiliaire.

 Le duel Biden vs Ryan a bien eu lieu. Selon tous les commentateurs, il a été un temps fort de la lutte pour la conquête de l’électorat tant démocrate que Républicain. La pression était surtout dans le camp des démocrates après la prestation en demi-teinte de leur poulain Obama. On craignait que Biden n’accumulat les gaffes dont il est coutumier. Mais c’était aussi oublier que dans ses bons moments Biden peut être un redoutable interlocuteur servi par plus de 40 années de service public. Un vrai lutteur qui ne rechigne pas à s’engager dans la bagarre pour défendre les intérêts des classes moyennes. On peut dire que le vieux Biden n’a pas déçu. Il a réussi à contenir les colonnes marchantes des Républicains. Il a su porter avec panache les couleurs des démocrates. Ryan (en dépit d’une nervosité très visible), avalant des verres d’eau en lieu et place de la bière inappropriée pour la circonstance, a fait une prestation honorable. Il n’est pas exact de faire de lui « rien qu’un jeune novice aux dents longues ». Loin de là ! Il est l’idéologue qui semble avoir garagé l’étincelant Gingrich désormais figure du passé et pièce de musée (finalement son Contrat avec l’Amérique est comme le p’tit bateau qui n’a jamais navigué).  Ryan s’est forgé une réputation de fort en thème et de petite bombe statistique.  Mais bien arrosé par les salves de rire de Biden, Ryan-Rastignac a fait l’effet d’un pétard mouillé. La confrontation Biden-Ryan vient rappeler ce qu’il faut pour un bon débat politique dominé par des primes électorales considérables. Un élément de passion, pour réchauffer les arguments, ne nuit jamais. Une bonne connaissance des « questions disputées » (comme diraient si joliment les médiévaux) est une part obligatoire de l’exercice. Afficher une gueule sympathique et sure de son charme dominateur favorise une bonne écoute : Kennedy en a engrangé les bénéfices, et Nixon en a fait les frais. L’esprit de repartie qui maintient la flamme  est vivement souhaité. La rapidité dans la réplique, façon Reagan, apporte du piment. Ça doit faire bang bang ! Malheur á qui dégaine en retard ! Si Obama était en bonne forme la semaine dernière il aurait pu accuser Romney d’avoir la gâchette trop facile. Il est difficile en ce domaine de résister au charme des Westerns. Le débat télévisé est un exercice bien différent des discours de campagne ou des harangues. On peut dire que c’est même un métier. Obama - et ceci depuis 2008, et même avant-  (on tend à l’oublier tant l’orateur peut être si admirable dans ses moments inspirés) a des performances très inégales dans les débats. Le bonhomme est beaucoup plus « orateur » que « débatteur ». Pour bien réussir cet exercice, il faut concocter la cohérence, la rapidité et la repartie qui entrent dans la définition de ce qu’est la présence d’esprit. Si l’argumentaire est le nerf du débat, le maniement des mots en représente les viscères. Oui de bons mots qui touchent le « démos », et qui vont pour une semaine au moins colorer le parler de Monsieur tout le monde et de Madame Personne ! Combien de gens connaissaient le mot « malarkey » (très irlandais) avant que Biden ne lui donnât un haut voltage de popularité l’espace de quelques secondes d’intensité ? Peut-être pas O’bama qui a récemment fait le pèlerinage d’exploration de ses racines irlandaises! Il y a dans le débat télévisé des éléments qui devraient faire plaisir à Clint Eastwood  même quand la chaise de l’invité attendu est vide. Tout cela n’exclut pas une petite dose de méchanceté, i.e. l’intention arrêtée (délibérée) d’infliger des blessures à l’adversaire, de lui faire mordre de la poussière, de le terrasser dans une ambiance de corrida qui déclenche le plaisir hystérique des spectateurs. Un débat qui n’est pas saupoudré de bons mots (Vous n’êtes pas Jack Kennedy, Vous n’avez pas le monopole du cœur, Je ne suis pas votre élève, on verra cela si vous êtes au second tour, etc.) nous laisse sur notre faim. Les débats à la française n’y font pas exception, ils regorgent de ces  « fameuses petites phrases » bien ciselées (à la Mitterrand ou à la Balladur) et distillées sur un ton de badinage mâtiné d’amabilité et de malice savamment calculées. A l’ère de la démocratie un  débatteur politique perd à être soupçonné d’ « élitisme » (cause de l’échec de Kerry en 2004, ou de Balladur en 1995 caricaturé en Louis XVIII). Biden, tout comme le sidérant Bill Clinton, n’a pas à faire beaucoup d’efforts pour être au niveau de l’américain moyen. Tout en évitant les écueils de la pitrerie, Biden a fait montre d’un réel talent d’acteur Jeudi soir dans un débat arbitré avec maestria par Martha Raddatz de la chaine ABC.  Obama-souvent professoral et trop flegmatique- a du temps à rattraper à cet égard !

Tout compte fait, il n’est pas exagéré de dire que Biden l’a emporté d’une courte tête sur Ryan. Et cela redonne du tonus aux démocrates. Reste á souhaiter que les arguments de Biden trouvent écho chez les seniors de la Floride, et Qu'Obama redresse la barre de maniere decisive face a Romney.

Assely Etienne, New York 12 Octobre 2012

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                L’Art du débat télévisé: Et Biden a bien joué sa partition !

Suite à la récente déconvenue d’Obama qui a sérieusement remis Mitt Romney en selle, le débat Biden-Ryan a pris une dimension inhabituelle pour le poste de Vice-Président. Biden et Ryan sont deux représentants de cette classe politique fière de son pedigree depuis que, à la faveur de l’ascension des Kennedy, l’Irlande est devenue un symbole mythique en politique américaine. Chaque politicien américain cherche acrobatiquement ses ancêtres irlandais. Mario Cuomo et Rudolph Giuliani n’ont pas osé : l’Italie leur colle trop au patronyme. Ce qui passait pour la roture a accédé au rang de particule nobiliaire.

 Le duel Biden vs Ryan a bien eu lieu. Selon tous les commentateurs, il a été un temps fort de la lutte pour la conquête de l’électorat tant démocrate que Républicain. La pression était surtout dans le camp des démocrates après la prestation en demi-teinte de leur poulain Obama. On craignait que Biden n’accumulat les gaffes dont il est coutumier. Mais c’était aussi oublier que dans ses bons moments Biden peut être un redoutable interlocuteur servi par plus de 40 années de service public. Un vrai lutteur qui ne rechigne pas à s’engager dans la bagarre pour défendre les intérêts des classes moyennes. On peut dire que le vieux Biden n’a pas déçu. Il a réussi à contenir les colonnes marchantes des Républicains. Il a su porter avec panache les couleurs des démocrates. Ryan (en dépit d’une nervosité très visible), avalant des verres d’eau en lieu et place de la bière inappropriée pour la circonstance, a fait une prestation honorable. Il n’est pas exact de faire de lui « rien qu’un jeune novice aux dents longues ». Loin de là ! Il est l’idéologue qui semble avoir garagé l’étincelant Gingrich désormais figure du passé et pièce de musée (finalement son Contrat avec l’Amérique est comme le p’tit bateau qui n’a jamais navigué).  Ryan s’est forgé une réputation de fort en thème et de petite bombe statistique.  Mais bien arrosé par les salves de rire de Biden, Ryan-Rastignac a fait l’effet d’un pétard mouillé. La confrontation Biden-Ryan vient rappeler ce qu’il faut pour un bon débat politique dominé par des primes électorales considérables. Un élément de passion, pour réchauffer les arguments, ne nuit jamais. Une bonne connaissance des « questions disputées » (comme diraient si joliment les médiévaux) est une part obligatoire de l’exercice. Afficher une gueule sympathique et sure de son charme dominateur favorise une bonne écoute : Kennedy en a engrangé les bénéfices, et Nixon en a fait les frais. L’esprit de repartie qui maintient la flamme  est vivement souhaité. La rapidité dans la réplique, façon Reagan, apporte du piment. Ça doit faire bang bang ! Malheur á qui dégaine en retard ! Si Obama était en bonne forme la semaine dernière il aurait pu accuser Romney d’avoir la gâchette trop facile. Il est difficile en ce domaine de résister au charme des Westerns. Le débat télévisé est un exercice bien différent des discours de campagne ou des harangues. On peut dire que c’est même un métier. Obama - et ceci depuis 2008, et même avant-  (on tend à l’oublier tant l’orateur peut être si admirable dans ses moments inspirés) a des performances très inégales dans les débats. Le bonhomme est beaucoup plus « orateur » que « débatteur ». Pour bien réussir cet exercice, il faut concocter la cohérence, la rapidité et la repartie qui entrent dans la définition de ce qu’est la présence d’esprit. Si l’argumentaire est le nerf du débat, le maniement des mots en représente les viscères. Oui de bons mots qui touchent le « démos », et qui vont pour une semaine au moins colorer le parler de Monsieur tout le monde et de Madame Personne ! Combien de gens connaissaient le mot « malarkey » (très irlandais) avant que Biden ne lui donnât un haut voltage de popularité l’espace de quelques secondes d’intensité ? Peut-être pas O’bama qui a récemment fait le pèlerinage d’exploration de ses racines irlandaises! Il y a dans le débat télévisé des éléments qui devraient faire plaisir à Clint Eastwood  même quand la chaise de l’invité attendu est vide. Tout cela n’exclut pas une petite dose de méchanceté, i.e. l’intention arrêtée (délibérée) d’infliger des blessures à l’adversaire, de lui faire mordre de la poussière, de le terrasser dans une ambiance de corrida qui déclenche le plaisir hystérique des spectateurs. Un débat qui n’est pas saupoudré de bons mots (Vous n’êtes pas Jack Kennedy, Vous n’avez pas le monopole du cœur, Je ne suis pas votre élève, on verra cela si vous êtes au second tour, etc.) nous laisse sur notre faim. Les débats à la française n’y font pas exception, ils regorgent de ces  « fameuses petites phrases » bien ciselées (à la Mitterrand ou à la Balladur) et distillées sur un ton de badinage mâtiné d’amabilité et de malice savamment calculées. A l’ère de la démocratie un  débatteur politique perd à être soupçonné d’ « élitisme » (cause de l’échec de Kerry en 2004, ou de Balladur en 1995 caricaturé en Louis XVIII). Biden, tout comme le sidérant Bill Clinton, n’a pas à faire beaucoup d’efforts pour être au niveau de l’américain moyen. Tout en évitant les écueils de la pitrerie, Biden a fait montre d’un réel talent d’acteur Jeudi soir dans un débat arbitré avec maestria par Martha Raddatz de la chaine ABC.  Obama-souvent professoral et trop flegmatique- a du temps à rattraper à cet égard !

Tout compte fait, il n’est pas exagéré de dire que Biden l’a emporté d’une courte tête sur Ryan. Et cela redonne du tonus aux démocrates. Reste á souhaiter que les arguments de Biden trouvent écho chez les seniors de la Floride, et Qu'Obama redresse la barre de maniere decisive face a Romney.

Assely Etienne, New York 12 Octobre 2012

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                L’Art du débat télévisé: Et Biden a bien joué sa partition !

Suite à la récente déconvenue d’Obama qui a sérieusement remis Mitt Romney en selle, le débat Biden-Ryan a pris une dimension inhabituelle pour le poste de Vice-Président. Biden et Ryan sont deux représentants de cette classe politique fière de son pedigree depuis que, à la faveur de l’ascension des Kennedy, l’Irlande est devenue un symbole mythique en politique américaine. Chaque politicien américain cherche acrobatiquement ses ancêtres irlandais. Mario Cuomo et Rudolph Giuliani n’ont pas osé : l’Italie leur colle trop au patronyme. Ce qui passait pour la roture a accédé au rang de particule nobiliaire.

 Le duel Biden vs Ryan a bien eu lieu. Selon tous les commentateurs, il a été un temps fort de la lutte pour la conquête de l’électorat tant démocrate que Républicain. La pression était surtout dans le camp des démocrates après la prestation en demi-teinte de leur poulain Obama. On craignait que Biden n’accumulat les gaffes dont il est coutumier. Mais c’était aussi oublier que dans ses bons moments Biden peut être un redoutable interlocuteur servi par plus de 40 années de service public. Un vrai lutteur qui ne rechigne pas à s’engager dans la bagarre pour défendre les intérêts des classes moyennes. On peut dire que le vieux Biden n’a pas déçu. Il a réussi à contenir les colonnes marchantes des Républicains. Il a su porter avec panache les couleurs des démocrates. Ryan (en dépit d’une nervosité très visible), avalant des verres d’eau en lieu et place de la bière inappropriée pour la circonstance, a fait une prestation honorable. Il n’est pas exact de faire de lui « rien qu’un jeune novice aux dents longues ». Loin de là ! Il est l’idéologue qui semble avoir garagé l’étincelant Gingrich désormais figure du passé et pièce de musée (finalement son Contrat avec l’Amérique est comme le p’tit bateau qui n’a jamais navigué).  Ryan s’est forgé une réputation de fort en thème et de petite bombe statistique.  Mais bien arrosé par les salves de rire de Biden, Ryan-Rastignac a fait l’effet d’un pétard mouillé. La confrontation Biden-Ryan vient rappeler ce qu’il faut pour un bon débat politique dominé par des primes électorales considérables. Un élément de passion, pour réchauffer les arguments, ne nuit jamais. Une bonne connaissance des « questions disputées » (comme diraient si joliment les médiévaux) est une part obligatoire de l’exercice. Afficher une gueule sympathique et sure de son charme dominateur favorise une bonne écoute : Kennedy en a engrangé les bénéfices, et Nixon en a fait les frais. L’esprit de repartie qui maintient la flamme  est vivement souhaité. La rapidité dans la réplique, façon Reagan, apporte du piment. Ça doit faire bang bang ! Malheur á qui dégaine en retard ! Si Obama était en bonne forme la semaine dernière il aurait pu accuser Romney d’avoir la gâchette trop facile. Il est difficile en ce domaine de résister au charme des Westerns. Le débat télévisé est un exercice bien différent des discours de campagne ou des harangues. On peut dire que c’est même un métier. Obama - et ceci depuis 2008, et même avant-  (on tend à l’oublier tant l’orateur peut être si admirable dans ses moments inspirés) a des performances très inégales dans les débats. Le bonhomme est beaucoup plus « orateur » que « débatteur ». Pour bien réussir cet exercice, il faut concocter la cohérence, la rapidité et la repartie qui entrent dans la définition de ce qu’est la présence d’esprit. Si l’argumentaire est le nerf du débat, le maniement des mots en représente les viscères. Oui de bons mots qui touchent le « démos », et qui vont pour une semaine au moins colorer le parler de Monsieur tout le monde et de Madame Personne ! Combien de gens connaissaient le mot « malarkey » (très irlandais) avant que Biden ne lui donnât un haut voltage de popularité l’espace de quelques secondes d’intensité ? Peut-être pas O’bama qui a récemment fait le pèlerinage d’exploration de ses racines irlandaises! Il y a dans le débat télévisé des éléments qui devraient faire plaisir à Clint Eastwood  même quand la chaise de l’invité attendu est vide. Tout cela n’exclut pas une petite dose de méchanceté, i.e. l’intention arrêtée (délibérée) d’infliger des blessures à l’adversaire, de lui faire mordre de la poussière, de le terrasser dans une ambiance de corrida qui déclenche le plaisir hystérique des spectateurs. Un débat qui n’est pas saupoudré de bons mots (Vous n’êtes pas Jack Kennedy, Vous n’avez pas le monopole du cœur, Je ne suis pas votre élève, on verra cela si vous êtes au second tour, etc.) nous laisse sur notre faim. Les débats à la française n’y font pas exception, ils regorgent de ces  « fameuses petites phrases » bien ciselées (à la Mitterrand ou à la Balladur) et distillées sur un ton de badinage mâtiné d’amabilité et de malice savamment calculées. A l’ère de la démocratie un  débatteur politique perd à être soupçonné d’ « élitisme » (cause de l’échec de Kerry en 2004, ou de Balladur en 1995 caricaturé en Louis XVIII). Biden, tout comme le sidérant Bill Clinton, n’a pas à faire beaucoup d’efforts pour être au niveau de l’américain moyen. Tout en évitant les écueils de la pitrerie, Biden a fait montre d’un réel talent d’acteur Jeudi soir dans un débat arbitré avec maestria par Martha Raddatz de la chaine ABC.  Obama-souvent professoral et trop flegmatique- a du temps à rattraper à cet égard !

Tout compte fait, il n’est pas exagéré de dire que Biden l’a emporté d’une courte tête sur Ryan. Et cela redonne du tonus aux démocrates. Reste á souhaiter que les arguments de Biden trouvent écho chez les seniors de la Floride, et Qu'Obama redresse la barre de maniere decisive face a Romney.

Assely Etienne, New York 12 Octobre 2012

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Note de Presser 
Curriculum Galilée-Montaigne , en partenariat avec le Centre Communautaire chrétien de Canarsie,  a le plaisir d’inviter le grand public et les travailleurs de la Presse á la 10ème édition de Journée du livre et de la lecture le dimanche 1er Juillet de 11 heures  á 19heures  au centre communautaire de Bérée sis á l’angle Glenwood road/east 76 dans les parages de South Shore High School á Brooklyn (Bus 6,47). La Journée du livre et de la lecture a essentiellement pour vocation de travailler au redressement du recul de la lecture et d’entretenir la part francophone de l’identité haïtienne : deux objectifs de formation humaine et d’épanouissement intellectuel.  Le programme est ainsi charpenté : lecture de florilèges de textes, exposition  par le centre haïtien du livre, éloge du livre et de la lecture, présentation d’auteurs suivie de discussion, signature-vente de nouveaux titres. Entre autres invités de marque seront face au public les auteurs suivants : Jeannie Bogart, Jean-Daniel Francois, Josaphat Robert Large, Jean Robert Leonidas. Faites du dimanche 1er Juillet 2012 un de vos meilleurs moments de l’été. Pour information composez le  516 352-1065 Envoyez vos courriels á asselyetienne@gmail.com

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3438638186?profile=original L’œuvre d’Edouard Glissant- théoricien de la Créolisation , auteur du concept « Tout- monde », Prix Renaudot en 1958 pour La Lézarde- est aujourd’hui reconnue pour son extraordinaire inventivité conceptuelle et critique. Cette initiative d’hommage au grand penseur martiniquais marque le premier pas significatif vers la célébration de notre  10ème édition de La Journée du livre et de la lecture.  Curriculum Galilée-Montaigne  et le Centre Communautaire Bérée ont le plaisir d’inviter le grand public et les travailleurs de la Presse á la Journée d’échanges sur Edouard Glissant le dimanche 22 Avril prochain de 11 heures  á 17heures  au centre communautaire  Bérée sis au 1713 Ralph Ave á l’angle Glenwood road/east 76 dans les parages de South Shore High School á Brooklyn (Bus 6,47). La Journée sera rehaussée de la participation de personnalités  notoires telles Dr. Joël des Rosiers (psychiatre, poète), Dr. Hugues St Fort (linguiste, chroniqueur culturel) Rodney St Eloi (éditeur, poète) Assely Etienne (auteur, philosophe de formation), Dr. Bernard Delpêche (Professeur agrégé de littératures francophones)…et d’autres invités de marque. Les interventions seront entrecoupées de lecture de textes de Glissant qui nous laisse une merveilleuse « boite á outils » en forme de faisceau pour éclairer les incertitudes de notre monde chaotique.

Pour information contactez Assely Etienne au  516 352-1065 .

Email : asselyetienne@gmail.com

 

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Appel à communication     

            Journée d’échanges Edouard Glissant

 

Curriculum Galilée Montaigne Organise le dimanche 22 Avril 2012  une journée d’échanges et de réflexions autour de l’œuvre d’Edouard Glissant. Les assises auront lieu au centre communautaire Bérée sis au 1713 Ralph Ave  (Brooklyn) dans les parages de South Shore High School. Les  communications (Français, anglais, créole) ne devront pas excéder 25 minutes. Nous acceptons des propositions sur les axes et thèmes suivants :                                               

 

A.-Glissant et Haïti

Histoire: Toussaint Louverture dans l’œil de Glissant

Appréciation des Littératures haïtiennes

Appréciation des Arts haïtiens

Bonjour et Adieu á la Négritude (R. Depestre)  dans une perspective glissanienne

 

B.-Glissant Romancier et Poète

 

C.-Glissant théoricien et Penseur:

*La Relation théorique

*Faulkner: distance et fascination

*Glissant et La Négritude: Roumain, Senghor, Césaire et Fanon

*créolisation et métissage

*Le Discours Antillais á l’épreuve de la mondialisation

*Qu’est ce qu’une philosophie de la Relation?

D.- Glissant, portrait en mouvement

Glissant fabuleux lecteur

Glissant et l’engagement politique

Glissant et l’Amérique d’Obama

Glissant et la Musique

 

Coordination : Assely Etienne

E-mail asselyetienne@gmail.com

Phone : 516 352-1065

 

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