Les musiciens français n'ont jamais autant eu la cote en Amérique. Un festival est organisé à Los Angeles soutenu par le consul... David Martinon.L'affiche bariolée accueille dès le terminal de l'aéroport de Los Angeles. Le festival Ooh la L.A. !, dont la première édition se tenait la semaine dernière, avait rempli ses promesses avant même son coup d'envoi : attester de la vitalité de la production musicale française en terre américaine. Prestigieuse salle sise sur Hollywod Boulevard, le Henry Fonda Theater a ainsi vibré trois soirées durant au rythme d'artistes de l'Hexagone.«Ce festival s'adresse aux Américains, pas aux Français qui vivent ici, ce qui en fait son intérêt», explique Marc Collin, à l'affiche avec son projet Hollywood mon amour, qui revisite les bandes originales des années 1980. «Aujourd'hui, les groupes français parviennent à s'imposer ici, grâce au grand nombre d'Américains qui s'intéressent à notre musique.» Un phénomène inimaginable il y a vingt ans, lorsque la production française souffrait d'un niveau très inférieur aux standards anglo-saxons. « La révolution, c'est la musique électronique, qui a donné les mêmes outils à tout le monde en même temps», constate Collin.Une analyse partagée par les Versaillais de Phoenix, qui quadrillent l'Amérique, dans la foulée du succès de leur quatrième album, Wolfgang Amadeus Phoenix (200 000 exemplaires vendus outre-Atlantique). Ils donnaient, samedi dernier, leur deuxième concert à Central Park, à New York, devant un public fervent. À l'issue de la prestation, leur chanteur déclarait à l'assistance : «C'est incroyable pour nous de jouer ici.» Aux côtés d'artistes comme Keren Ann, Gotan Project ou Justice, leur pop bénéficie depuis plusieurs saisons d'une belle cote d'amour chez les Américains.«On apporte une alternative», commente Christian Mazzalai, guitariste. En avril dernier, ils ont été le premier groupe français invité dans le cadre de l'émission de télévision «Saturday Night Live». On dit souvent à leur sujet qu'ils ont été acclamés aux États-Unis bien avant de rencontrer le succès dans leur propre pays, ce qui ne les empêchera pas de remplir la salle du Zénith d'ici à quelques semaines.À l'Est comme à l'Ouest, les sons produits sur nos terres séduisent. «La France est dans l'air du temps, ajoute Marc Collin, ce que nous proposons bénéficie d'un a priori favorable, sans doute à cause du côté chic et sophistiqué qu'on associe généralement à notre culture.» Le terrain est plus favorable que jamais à l'émergence de manifestations reflétant cet engouement.«Une encyclopédie du rock»En poste depuis quelques mois, David Martinon, consul général à Los Angeles, a laissé les coudées franches à son ami Sylvain Taillet, directeur artistique chez Barclay, lorsque celui-ci lui a vendu le principe d'une manifestation musicale 100 % française. «Quand j'ai su que je venais ici, j'ai fait le tour des acteurs de l'entertainement français en musique et en cinéma. Le consulat se doit d'être bon là-dessus, dans la ville de Jim Morrison et Michael Jackson», explique Martinon, qui confesse avoir été un temps «une encyclopédie du rock» avant d'embrasser une carrière politique. Encadré par un influent promoteur local (Golden Voice), le projet a bénéficié du concours actif de Jason Bentley, programmateur vedette de la radio locale KCRW, et du soutien financier de Cultures France, de la Sacem et du bureau export de la musique française. «Nous sommes parvenus à monter cette opération en dix mois seulement, et ce en plein contexte de récession», se félicite Martinon. Alternant valeurs sûres (Gonzales, Sébastien Tellier) et découvertes (Cocoon, Soko), Ooh la L.A. ! a rempli son objectif. Ainsi, le premier soir, 750 spectateurs payants applaudissaient deux artistes à l'approche totalement iconoclaste, Sébastien Tellier et Gonzales. Loin de se reposer sur ce succès, les organisateurs de l'événement entendent le pérenniser et envisagent déjà une deuxième édition l'an prochain.«La musique française est appréciée et reconnue, affirme David Martinon, mais les Américains sont sans complaisance. Et puis ils regardent les chiffres.»Publie sur le Figaro.fr

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Replies

  • j'ai toujours du mal a comprendre le concept de musique Francaise, avec des textes en anglais,
    mais on peut y croire... et bravo a ceux qui tentent leur chance
  • Phoenix : l'interview américaine

    Au lendemain de leurs deux concerts sold out à Central Park, Christian et Deck de Phoenix reviennent en interview sur le gros carton américain de Wolfgang Amadeus Phoenix, sur la vie sur en tournée aux Etats-Unis, et sur l'amour qu'il provoque chez les yankids.

    Comment vous sentez-vous ?

    Deck : Fatigué.
    Christian : Fatigué, oui. Mais en tournée, et c’est pareil pour tous les musiciens, il y a une concurrence entre fatigue et frénésie qui rend la vie un peu floue, un peu magique. Surtout aux Etats-Unis : les distances sont énormes. En France, pour aller d’une ville à une autre, tu fais deux cent kilomètres dans la nuit –ici c’est 15 heures de route, et des changements assez spectaculaires. On a traversé tout le pays, on était à Los Angeles il y a deux jours… Un concert incroyable, d’ailleurs ; on a de toute façon fait que des salles incroyables. Là, c’était le Greek Theatre : c’est sous l’observatoire, sur la colline d’Hollywood, dans un parc naturel protégé, en pleine nature, un décor des années 30, mélange hollywoodien de cinéma et d’architecture grecque. On a aussi joué à Denver, au festival Red Rocks : là aussi, totalement incroyable. Ils ont creusé un amphithéâtre dans des canyons, là aussi avec un décor des années 30.
    Deck : En plein milieu d’un canyon. Tu joues au beau milieu d’énormes blocs de roches rouges. Ca résonne, le son est particulier, c’était assez fou. Et le public, lui, avait une vue incroyable sur Denver.
    Christian : On a aussi joué à Minneapolis, dans la salle de Prince.

    L’approche des concerts est différente, aux Etats-Unis ?

    Christian : C’est vrai que l’entertainement est une telle institution ici, depuis des dizaines d’années, que tout est réglé au millimètre. C’est le côté un peu négatif du truc, il y a des règles partout, une personne ne peut pas se mettre sur les épaules d’une autre, la sécurité est ultra-stricte…
    Deck : C’est un peu aseptisé. Il y a de la clim' partout ; il arrive même qu’on ait froid, sur scène.

    Après Denver et Los Angeles, vous avez joué où ?

    Christian : On a joué à San Francisco. Et on a joué à Las Vegas, en première partie des Killers, encore un truc totalement fou, dans une espèce de stade-casino géant. On a aussi joué dans un petit patelin dans le Nebraska –c’est le genre de contraste qu’on adore dans ce genre de tournée. On a même eu une journée libre dans un tout petit village du Wyoming, 1500 habitants. Il n’y avait que nous. Une rue, c’est tout, un vrai village de cowboy. Ils ont vu le tourbus arriver, ils ont halluciné, on a fini la journée à se marrer avec les locaux dans le bar du coin, ils n’avaient jamais vu de Français de leur vie. Fabuleux. Après, on est allés à Chicago, génial aussi : une salle gigantesque, avec 5000 personnes, une vieille salle jazz des années 20, magnifique.

    Comment vous définiriez votre public américain ? Il y a un profil-type ?

    Christian : En fait, on a l’impression d’avoir des règles, des préconçus ; mais ça ne s’avère jamais vrai. Même à New York, les deux soirs, les publics n’avaient rien à voir. Le premier soir était super, mais on a subi un énorme problème technique. Au final, ça s’est très bien passé, mais on a trouvé ça un peu moins bouillant que le lendemain –même dans le groupe, on a réussi le deuxième soir à mettre encore plus de tension, de pression. Le public dépend aussi des villes, et ça dépend de la vision de chacun, qui diffère beaucoup selon les individus : j’en parlais hier avec le chanteur de Vampire Weekend, je lui disais que Chicago était une ville géniale, alors que pour lui c’est une ville minable, une sorte de version plouc de New York, sans intérêt. Tout est très relatif.
    Deck : Globalement, ça reste quand même un public assez indé. Même si on commence à toucher d’autres gens. On sent que ça change progressivement.
    Christian : On a fait le Saturday Night Live en avril. On ne s’est pas tout de suite rendu compte de la portée du show, mais ça a changé énormément de chose. On en a fait d’autres, Dave Letterman, Jimmy Kimmel, Conan O’Brian, Jimmy Fallon ou Craig Ferguson ; mais le Saturday Night Live a sans doute eu le plus d’impact.

    Avant d’avoir passé ce cap avec Wolfgang Amadeus Phoenix, vous aviez déjà un public aux Etats-Unis…

    Christian : Oui. Les choses sont allées très progressivement. On n’avait pas tourné ici avec le premier album, mais on a à chaque fois fait une ou deux petites tournées avec les suivants. On a grossi petit à petit, doucement, on a d’abord joué des petits clubs, puis des salles plus grandes.
    Deck : C’est idéal, pour ça : ce qui se passe actuellement ne sort pas non plus de nulle part, on avait déjà une petite fan base aux Etats-Unis. C’est une chance, pour nous, de ne pas avoir explosé d’un coup : c’est plus simple à gérer, pour nous, à tous les niveaux.
    Christian : D’une certaine manière, même discrètement, on est dans le paysage musical américain depuis quelques années déjà. Le premier album, on n’avait pas tourné ; mais c’était un album un peu secret pour les gens d’ici, un truc d’initié, on en avait vendu que 10000 à peine… Tout est monté très lentement. Un peu comme dans une société secrète, avec de plus en plus d’adeptes.

    Read rest of the interview on les Inrocks
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