A première vue, voila un titre ironiquement approprié pour un livre de mémoires! Mais c'est dans les toutes dernières pages qu'on en découvre la justification. Ce récit est consacré au personnage de « Nicola Fuller d’Afrique centrale », Ecossaise née au Kenya et excentrique mère de l’auteure, qui n’épargne pas ses filles, surtout celle qui a commis « cet Horrible Livre ».
Les souvenirs d’enfance révèlent les mythologies et les névroses familiales, les douleurs et les secrets intimes, comme les émerveillements de la narratrice pour le couple de ses parents. Loin de la nostalgie ou des descriptions bucoliques d’un safari touristique, l’Afrique intime d’Alexandra Fuller est souvent âpre, chaotique, imprévisible.
J'ai particulierement apprecié le style vif et direct de l’auteure, - traduit de l’anglais – qui saisit les faits et les actions du quotidien, restitue des dialogues absurdes plus vrais que nature, et l’humour distillé à petites touches qui vient contrebalancer la gravité des situations les plus dramatiques.
L’arbre de l’oubli est aussi un témoignage sur ces petits colons blancs d’Afrique attachés à la terre où ils sont nés, qui, du Kenya à la Zambie en passant par la Rhodésie, finissent par devoir céder au mouvement de décolonisation, renonçant à leurs biens et à leurs privilèges, sans toutefois pouvoir se résoudre à quitter un continent qui ne leur appartient plus, mais auquel ils appartiennent toujours.
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