Haïti, je pense à France...

Haïti terre de couleurs, terre de douleurs.Chacun y va de sa petite phrase, de son article, de son émotion qui, face à une telle avalanche de désastres, bouleverse et met en colère. Pourquoi un tel acharnement ? peut-on se demander. Certains veulent y trouver une raison rationnelle pour ce peuple courageux qui s’est battu pour accéder le premier à son indépendance. Alors comme un adolescent trop fougueux de se libérer des chaînes de son tuteur, ou comme un arbre vigoureux explose les liens qui le maintenaient enserré dans un carcan, il devrait payer et pendant encore combien de décennies ou de siècles, son insolence par les fureurs de la terre. Ce serait faire payer bien cher sa liberté à une population qui vit depuis si longtemps dans la misère.À chaque fois que l’on parle de ce pays, c’est pour parler de drames. Drames produits par les diverses dictatures, avec des noms qui font froid dans le dos, des noms qui pourraient représenter des personnages de contes pour enfants pas sages, et évocateurs de souffrances et de terreur. Les Papa doc et Tontons Macoute, puis Baby doc, quelle famille !Quant aux conditions de vie ? L’enfer dans un environnement qui pourrait ressembler au paradis. Des cyclones, des ouragans, des inondations ravageuses, entraînant la désolation, des pertes immenses, des destructions de cultures, et l’absence de nourritures de base, de produits pour se soigner, ce qu’on appelle la Misère. La Misère portant un M majuscule non pour ce qu’elle a de noble, mais pour ce qu’elle a de grand, voire d’extrême.Le nom de ce pays évoque toujours pour moi une amie qui y est partie il y a une vingtaine d’années. France Andrée avait choisi de consacrer sa vie à venir en aide aux enfants d’Haïti. Elle était d’une très grande sensibilité, d’une générosité d’elle-même, se sentant investie d’une mission d’aider les plus démunis dans le monde. Je l’enviais un peu à cette époque, me trouvant moi-même à un tournant important de ma vie.Ma carrière d’enseignante et le besoin d’élever mes deux enfants encore jeunes, ne m’avaient pas engagée à aller au-delà de cette idée. Cependant les années suivantes, j’avais envisagé de m’y rendre pendant la périodes de vacances d’été. Et puis j’ai perdu la trace de France, et les événements de la vie m’ont déviée de ce projet.En cette période si douloureuse comme à chaque fois que se produit de tels drames, chacun s’émeut, voit les images qui défilent sur les écrans de télévision, entend les commentaires répétitifs de journalistes qui veulent témoigner de ce qu’ils constatent sur place. Et cette fois c’en est trop. De partout dans le monde, chacun reste impuissant et ne peut que compatir dans un pays où l’état est devenu si fragile et si faible.Se sentir impuissant provoque un sentiment de culpabilité, tout comme ces victimes qui s’en sortent à côté d’autres personnes qui ont péri. Comme le dit Dany Laferrière, Haïti et sa population n’ont rien à payer. Ils ne sont que les malheureuses victimes des fureurs de la nature. Et moi je pense à France... et à tous ceux qu’elle côtoie et aide depuis vingt ans.Gisèle Meunier Écrivaine http://www.gisele-meunier.com Ozoir la Ferrière 16 janvier 2010

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