Elles sont partout, et pourtant, on ne les voit presque pas dans les livres d’apprentis-sage de français langue étrangère. Elles sont souvent une des principales causes de réussite d’une séquence pédagogique, mais on n’en parle que peu, on ne les en-traîne pas, elles sont bannies de l’es-pace scolaire traditionnel, en parti-culier à partir du secondaire*. Elles, ce sont les émotions.
En effet, s’il n’est pas rare de voir, dans les enseignements précoces de FLE, des moments de classe centrés sur la vie en commun et sur ce que les élèves ressentent, ces moments n’existent plus pour les apprenants adolescents : la responsabilité de gestion des émotions semble leur être totalement confiée, alors même qu’il s’agit sans conteste d’une étape de la vie où les sentiments s’entre-mêlent, se bousculent et peuvent paralyser. Comment faire alors pour les aider à mieux les gérer et pour créer une communauté bien-veillante pour vos activités en FLE ?
Si les enseignants ont l’habitude d’avoir à canaliser les discours des apprenants enfants pendant les ses-sions de classe, à partir de la préado-lescence ils peuvent observer com-ment ils commencent nication dans le contexte social. Ces caractéristiques recouvrent, selon le Cadre, les attitudes, les mo-tivations, les valeurs, les croyances, les styles cognitifs, mais aussi les traits de la personnalité. Sont ainsi citées les différentes dichotomies : silencieux/bavard, entreprenant/timide, optimiste/pessimiste, in-troverti/extraverti, pro actif/ré-actif, sens de la culpabilité ou pas, (absence de) peur ou embarras, rigide/souple, ouverture/étroi-tesse d’esprit, spontané/retenu, intelligent ou pas, soigneux/né-gligent, bonne mémoire ou pas, industrieux/paresseux, ambitieux ou pas, conscient de soi ou pas, confiant en soi ou pas, (in)dépen-dant, degré d’amour-propre.
Si certains traits de personnalité mentionnés ici sont facilement observables, d’autres sont au contraire difficiles à cerner, et seul l’apprenant lui-même pourrait les partager s’il en avait la volonté et s’il était incité à le faire. Il faudrait alors retrouver chez les adolescents cette capacité des enfants à parler de soi sans honte, à s’ouvrir à la classe aisément, tout en réalisant les acti-vités langagières nécessaires au bon développement des compétences spécifiques de communication.à perdre leur envie de partager leurs histoires, leurs valeurs et leurs convictions devant la classe. Ce phénomène est peut-être dû à l’évolution même des jeunes apprenants, qui prennent petit à petit conscience du jugement de l’autre et sont de plus en plus sensibles à leur image sociale. Cela pourrait également être le fruit des différents systèmes éducatifs qui sé-parent, à partir d’un certain âge, les compétences liées au savoir-être et au savoir-faire interculturel (souvent cantonnées aux attitudes comme le respect de la différence, et toujours moins valorisées ou absentes des systèmes d’évaluation) et les com-pétences spécifiques liées aux conte-nus d’apprentissage, quelle que soit la matière enseignée. Seulement, pour pouvoir suivre les (très) discrètes orientations du Cadre Européen Commun de Réfé-rence pour les Langues sur le sujet, l’utilisateur-enseignant est censé promouvoir des caractéristiques personnelles concrètes que les ap-prenants ont besoin de développer ou dont ils doivent disposer pour mener à bien des actes de communication...pour continuer à lire cet article, abonnez-vous à la revue Le français dans le monde...http://fdlm.org
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